Alors que les moissons débutent progressivement en France, les premières estimations annoncent une récolte en forte baisse consécutive aux conditions météorologique extrêmement pluvieuses de cette année. Déjà impactés par une chute vertigineuse de leur revenus et une fragilisation de leurs moyens de production, les céréaliers français exhortent tous les responsables politiques à remettre prioritairement à l’agenda parlementaire les travaux débutés à la suite des mobilisations agricoles historiques de cet hiver et mis en pause depuis la dissolution.
« Nous payons un lourd tribut aux pluies diluviennes de ces 8 derniers mois, c’est indéniablement une année dont nous auront du mal à nous relever si rien n’est entrepris pour renforcer notre résilience à tous les niveaux » s’inquiète Eric Thirouin, président de l’Association Générale des Producteurs de Blé suite aux premières estimations de la moisson 2024. Cette dernière afficherait un rendement de 64 quintaux/ha pour le blé tendre, soit un décrochage de 11% par rapport à la moyenne des 10 dernières années, selon les chiffres publiés par Arvalis-Intercéréales.
« Les conditions climatiques ont lourdement pénalisé le développement de nos cultures, favorisé les maladies et le salissement des parcelles, sans oublier les nombreuses surfaces qui n’ont même pas pu être semées faute de pouvoir rentrer dans les parcelles ! » explique Eric Thirouin qui déplore la multiplication des impasses techniques liées aux réglementation et restrictions concernant la protection des cultures. Pour rappel, les quantités de substance actives utilisées pour les produits phytosanitaires ont été réduites de 47% depuis 2000.
Des résultats agronomiques critiques qui viennent s’ajouter à une situation économique en chute libre sous l’effet d’une explosion des charges conjuguée à un effondrement des cours du blé tout au long de la campagne 2023-2024. « Cet effet ciseaux fragilise durablement la trésorerie de nos fermes et donc la durabilité de notre souveraineté alimentaire » alerte Eric Thirouin qui rappelle les chiffres sans appel de la Commission des comptes de l'agriculture de la nation publiés ce mercredi : en 2023, la valeur de la production de céréales s’est effondrée de 24% par rapport à 2022 sous l’effet d’une baisse des prix de 30 % sur la même période.
« Depuis les mobilisations agricoles historiques de l’hiver 2024, les difficultés rencontrées sur le terrain persistent et les attentes des agriculteurs restent toujours aussi fortes ! » alerte Eric Thirouin en soulignant que, depuis la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale, l’ensemble des solutions et propositions défendues par l’AGPB pour préserver les moyens de productions, investir massivement dans la recherche et l’innovation, et garantir un revenu pour les céréaliers sont désormais suspendues à la prochaine législature.
Face à cette situation d’urgence, le président des Céréaliers de France appelle l’ensemble de la classe politique à prendre la mesure de ce qui se joue pour la compétitivé et la durabilité des fermes céréalières afin reprendre au plus vite les travaux initiés depuis des mois.