Perspectives à 10 ans positives pour les céréales

Dans ses perspectives agricoles à 10 ans publiées le 10 décembre, la Commission prévoit une augmentation de 5% de la production céréalière européenne face à des marchés porteurs.

 

Une demande en céréales dynamique

La demande européenne en céréales restera tirée par l’alimentation animale, qui consomme 60% des trois principales céréales (blé tendre, maïs, orge).

En alimentation animale, l’utilisation du maïs devrait croitre légèrement aux dépens des autres céréales, et le marché européen demandera plus de céréales locales et sans OGM à des prix plus élevés. Ce qui devrait conduire à une meilleure valorisation du maïs et du blé tendre européens, dont les prix augmenteraient d’environ 40 €/t alors que les prix mondiaux ne progresseraient que de 20 €/t d'ici 10 ans.

Mais en termes de volume, c’est la demande alimentaire et industrielle (+6,5 Mt) et celle des exportations nettes (+ 4,1 Mt) qui seront en plus forte augmentation et seront les moteurs de la croissance, surtout pour le blé tendre et l’orge.

La Commission européenne prévoit ainsi un décollage des usages industriels des céréales qui deviendront significatifs dans les bioplastiques, les cartons et les produits pharmaceutiques.

Les exportations devraient augmenter modérément en volume, essentiellement en blé tendre (27 Mt en 2030 soit +4,6 Mt) et en orge (9 Mt en 2030 soit +0,6 Mt), pour atteindre un total de 43 Mt de céréales exportés (14 Mt d’exportations nettes compte tenu des importations : + 4,1 Mt), grâce à une demande mondiale et à une production européenne dynamiques.

Mais la part de l’Europe dans les exportations mondiales de céréales devrait continuer à baisser, à cause de la concurrence des pays de la mer Noire (Russie, Ukraine…) qui continueront à développer leur production, mais aussi à améliorer leur qualité et leurs infrastructures logistiques.

 

Une augmentation de la production céréalière européenne

La surface agricole européenne continuera à se réduire lentement d’ici 2030, face à la concurrence des forêts qui se développeront et de l’artificialisation des terres. C’est principalement les prairies permanentes qui devraient régresser (-1%), alors que les surfaces fourragères européennes sont prévues en légère hausse entre 2019 et 2030 (+2% à 20,8 Mha, surtout à cause de la demande en maïs fourrage pour la méthanisation) ainsi que les surfaces en céréales (+1% à 55,6 Mha), avec une augmentation des surfaces en blé tendre (+0.8% à 23,8 Mha) et maïs (+2,4% à 8,8 Mha) et une baisse en orge (-4,8%) et blé dur.

Du fait de la hausse des rendements (respectivement +0.5%, +0.2% et +0.8% par an en blé tendre, maïs et orge), la production céréalière européenne devrait augmenter de 5% en 2030 à 320 Mt contre 303 Mt en 2018-20, tirée à la fois par le blé tendre et le maïs (+6% chacun).

 

Des évolutions contrastées pour les oléo-protéagineux et la betterave

En protéagineux, une forte croissance des surfaces (+4% par an de 1,7 à 2,3 Mha) et de la production de l'UE (à 6,3 Mt) est attendue, pour atteindre 6,3 Mt en 2030 contre 3,9 Mt en 2019. Cette croissance sera tirée par une forte demande de matières riches en protéines végétales et produites localement, aussi bien pour l'alimentation animale que pour la consommation humaine.

Alors que la surface en soja devrait continuer à augmenter (+3% par an de 1,0 à 1,3 Mha), le total des surfaces consacrées aux oléagineux devrait au contraire diminuer de 200 000 ha à 11,4 Mha, ceci à cause d’une baisse des surfaces en colza de 6.2 à 5,8 Mha, malgré une demande dynamique et son intérêt agronomique dans les rotations. Au total, la production d’oléagineux resterait stable sur les 10 ans à 32 millions de tonnes.

Dans le secteur du sucre, la Commission prévoit une baisse annuelle de la consommation humaine de 0,8% entre 2019 et 2030. La superficie européenne de betteraves devrait se stabiliser autour de 1,6 million d'hectares en 2030. Malgré de nouvelles fermetures de sucreries, la production européenne devrait atteindre 18,5 millions de tonnes en 2030, contre 17,5 millions de tonnes en 2019, grâce à des rendements en betteraves et à des prix en hausse. L’UE deviendrait ainsi exportatrice nette de 1 Mt de sucre d’ici 2030 (-500 000 t en 2018-2020).

 

Lien (en anglais).