Mercosur, un mauvais accord pour les producteurs de céréales

Une concurrence déloyale sur les coûts

Les pays du Mercosur ont des coûts de production des grains parmi les plus faibles du monde, qu’il s’agisse du blé, de l’orge et du maïs en Argentine ou du maïs et du sorgho au Brésil. Ce différentiel s’explique par des exploitations beaucoup plus grandes qu’en Europe, des coûts de main d’œuvre et d’énergie plus faibles et des règlementations beaucoup moins strictes : OGM, usage de produits phytosanitaires interdits en Europe.

Des baisses de prix en Europe

L’accord annoncé le 28 juin prévoit semble-t-il l’ouverture totale du marché européen aux pays du Mercosur pour certaines céréales (orge, avoine), alors que pour le maïs, le sorgho et le riz, des contingents d’importation seront ouverts sans droit de douane, qui augmenteront le volume déjà massif des céréales importées du Brésil et d’Argentine.

Au-delà des volumes, ces nouvelles ouvertures risquent surtout de dégrader les prix intérieurs européens pour l’ensemble des céréales. Pour nos producteurs, la baisse de leurs prix de vente sera la conséquence la plus directe de la mise en œuvre de l’accord.

De lourdes pertes de débouchés chez nos clients européens

Alors que le bioéthanol est un marché majeur pour nos blés, maïs et betteraves, l’ouverture d’un contingent sans droits de douanes pour 650 000 t d’éthanol représente 14% du marché européen et un quasi doublement des importations actuelles, au profit du Brésil qui produit avec sa canne à sucre l’alcool le moins cher du monde tout en protégeant son marché !

Les offres faites au Mercosur comprennent aussi, semble-t-il, l’ouverture complète du marché européen des produits de la maïserie et de certains produits de l’amidonnerie, industrie qui utilise 2,8 Mt de blé et 2,2 Mt de maïs français. Ces industries risquent de diminuer d’autant leur capacité de production et leurs achats de céréales françaises et européennes.

Il en est de même pour les animaux d’élevage, qui consomment aujourd’hui pour leur alimentation 60% des céréales françaises. Le contingent de 180 000 tonnes de viande de volaille importées sans droit de douanes, production brésilienne ultra-compétitive, ne pourra que mettre en danger l’aviculture française.

Même si l’accord prévoit l’ouverture des marchés du Mercosur à certains produits céréaliers que nos industries pourraient exporter (malt, biscuits…), le compte n’y est pas : l’accord annoncé est une mauvaise nouvelle pour les céréaliers français.