Conférence de presse ORAMA présentation du Sommet du Végétal 2015

Les dirigeants d'ORAMA ont présenté à la presse le 6 février les travaux du Sommet du Végétal 2015, explicitant ce que signifie sur divers dossiers le thème du Sommet, "Libres d'entreprendre". Le Sommet du Végétal 2015 va se tenir à Mont-de-Marsan les 11 et 12 février sur le thème « Libres d'entreprendre ».

Cette liberté d'entreprendre signifie pour nous possibilité de Produire plus, Produire mieux. Son enjeu, c'est la persistance et le développement d'un modèle de production, l'intensification soutenable. Un modèle qui nous permet d'affronter des concurrents aux structures d'exploitation bien plus importantes que les nôtres. Un modèle respectueux de l'environnement et favorisant une densité d'exploitations, de production et d'activités d'amont-aval supérieure à celle des autres grandes nations céréalières. Un modèle de production responsable et profitable à tous, donc.

« Libres d'entreprendre », ce thème est naturel pour les producteurs spécialisés en cultures de céréales et d'oléoprotéagineux , qui opèrent dans un monde très concurrentiel. Mais ce choix peut être relié également à ce qu'ils ont vécu en 2014 :

- des résultats économiques et un revenu quasiment au plus bas des dernières décennies après une année 2013 déjà très médiocre. Cette évolution et l'ample volatilité de leurs résultats, désormais, interpelle avec rudesse les exploitants. Elle rend la réflexion sur la consolidation de leurs entreprises plus impérative encore. Elle sollicite fortement leur liberté d'entreprendre.

- une accumulation de contraintes et menaces de tous ordres et de toutes origines en matière de moyens de productions et de pratiques agricoles, notamment.

Ce qu'ont ainsi vécu les producteurs de céréales et d'oléoprotéagineux en atteste une nouvelle fois, la liberté d'entreprendre ne peut être défendue seulement dans son principe, elle doit l'être également sur le plan des conditions dans lesquelles elle s'exerce. Ce sera l'objet du Sommet du Végétal 2015.

La liberté d'entreprendre qu'ils revendiquent, les producteurs de grandes cultures la voient au service de leur modèle d'intensification soutenable. Encore faut-il que ce modèle demeure attractif, que les conditions dans lesquelles peut s'y exercer leur activité offrent des chances de réussir durablement.

1) Cela soulève une première question : dans un contexte où le revenu en spécialisation céréales et oléo-protéagineux est devenu de plus en plus aléatoire, notre pays veut-il prendre en considération dans ses décisions de politique agricole les risques que nous encourons désormais, dont l'évolution du revenu ces deux dernières années a mis en évidence la force d'impact (cf. graphique ci-dessous)

Evolution revenus des cerealiers

Sans insister sur l'exemplarité des Etats-Unis en matière de gestion des risques affectant les céréaliers, il est frappant, déjà, de comparer à ce sujet ce qu'ont fait la France et les autres pays de l'Union européenne dans le cadre de la dernière réforme de la PAC. Notre pays est le champion d'Europe, ex aequo avec la Lituanie et la Wallonie, de la subsidiarité dans l'utilisation des paiements de la PAC, qui ont valeur de filet de sécurité pour nos exploitations. En 2016, la France va prélever 29% des crédits de son enveloppe des paiements de base et paiements verts, destinée à des versements sur tous les hectares, pour les affecter à d'autres types de paiements, concernant très peu les exploitations de grandes cultures. En Allemagne, ce sera seulement 12%, en Angleterre 13%, en Hongrie 10%. Ainsi, les paiements de base et paiements verts représenteront en 2019 256€/hectare uniformément en Allemagne et seulement 171€/hectare en moyenne en France. Dans les zones à faible potentiel en France, ce sera encore moins.

Une telle politique ne peut que rendre nos entreprises plus vulnérables face aux risques et inciter les exploitants à se diriger, notamment en zones à moindre potentiel, vers des modèles économiques moins intensifs nécessitant de plus grandes surfaces. Ni les activités, ni les territoires ne peuvent y gagner.

D'où quatre attentes que nous ré-exprimerons avec insistance à Mont-de-Marsan :

-celle que la subsidiarité dans les paiements PAC n'aille pas plus loin dans notre pays en 2017, à mi-parcours de la réforme (opposition à l'augmentation du prélèvement au titre de la surprime aux 50 premiers hectares) ;

- celle de voir aboutir enfin une décision réaliste de mise en œuvre de la mesure agro-environnementale Zones intermédiaires Grandes cultures dont le ministre de l'Agriculture avait accepté le principe au Sommet du Végétal 2014 ;

- celle d'améliorations plus profondes de la Déduction pour aléas (DPA) que ce qu'a votée le Parlement fin 2014 ;

- celle de la préservation de l'intérêt de l'assurance-climatique en grandes cultures dans le cadre des évolutions qui sont actuellement envisagées.

 

2) La seconde question de fond à laquelle est confrontée aujourd'hui notre liberté d'entreprendre porte évidemment sur l'encadrement réglementaire de notre activité d'exploitant.

a) Nous avons affaire à de véritables situations d'imbroglio dans le cadre du renouvellement des règles d'application de la PAC. Il est nécessaire de sortir rapidement et intelligemment des blocages et flottements auxquels nous sommes confrontés. Il sera tout particulièrement rappelé à Mont-de-Marsan combien il est nécessaire et urgent de mettre concrètement en œuvre le dispositif d'équivalence au verdissement pour les maïsiculteurs spécialisés.

b) Et puis, il y a tout ce qui concerne l'utilisation des moyens de production dont nous avons besoin. La nécessité de règles en ce domaine nous est toujours apparue incontestable. Avec le concours de ses instituts techniques et par son souci du dialogue, notre secteur des grandes cultures a constamment contribué à l'établissement et à la mise en œuvre de règles qui tiennent compte des fondamentaux du métier et reflètent un esprit de progrès.

Cette attitude a encore été la nôtre l'année dernière. En matière de Nitrates, la promotion de notre proposition de mesure AZUR ne paraissait pas soulever de contestations. Sur les phytosanitaires, nous nous sommes montrés ouverts à l'expérimentation des certificats d'économie de produits phytosanitaires et nous avons été constructifs dans la recherche d'une application plus sûre de l'arrêté « abeilles ». En matière d'irrigation, la concertation pour définir ce que devaient être les projets de territoire semblait avoir été fructueuse.

Mais, in fine, ce qui aura marqué ces douze derniers mois du côté des décideurs publics, ce sont des décisions, intentions et comportements d'une tout autre tonalité : adoptions à l'emporte-pièce d'un troisième arrêté d'interdiction du maïs MON 810 et d'une proposition de loi anti-maïs OGM ; tentative de restriction drastique des espaces d'utilisation de produits phytosanitaires au prétexte d'un sulfatage de vignes inapproprié; projet d'interdiction des traitements avant le coucher du soleil en période de floraison ; proposition de résolution parlementaire pour un bannissement général des néo-nicotinoïdes ; sitôt remis le rapport POTIER, communication gouvernementale axée sur la seule diminution quantitative des phytos ; volonté de durcir la réglementation Nitrates sur la base de critères inexplicables; sur l'irrigation, mise de côté du rapport MARTIN, dénaturation du travail de concertation sur les projets de territoire et ,enfin, gestion déplorable de l'affaire de SIVENS.

Cette politique-là n'est plus supportable. A l'heure où l'exigence de compétitivité est devenue un mot d'ordre national des dirigeants du pays, les producteurs de céréales et d'oléoprotéagineux attendent des Pouvoirs publics réalisme, confiance, souplesse et hardiesse.

Outre les discussions générales sur les dossiers qui les intéressent, les participants au Sommet du Végétal se verront proposer deux Tables rondes :

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