Mobilisation pour une application pragmatique de la dérogation NNI

Un projet d’arrêté a été mis en ligne le 4 janvier par le ministère de l’Agriculture et fait l’objet d’une consultation publique (https://agriculture.gouv.fr/consultation-publique-projet-darrete-autorisant-provisoirement-lemploi-de-semences-de-betteraves)  jusqu’au 25 janvier prochain.

Les débats parlementaires ont fait ressortir les impasses réelles pour les betteraviers français, or la rédaction de l’arrêté mis en application a pour conséquence la réduction des surfaces betteravières. En effet, par effet domino, l’arrêté impose des restrictions excessives sur l’implantation des cultures suivantes notamment pour le maïs et la pomme de terre en N+2, les colza, pois, lin et légumes d’industrie en N+3. En effet, il prévoit :

« Après une culture en 2021 de betteraves sucrières dont les semences ont été traitées avec de l’imidaclopride ou du thiaméthoxame, seules les cultures suivantes (incluant les cultures intermédiaires) peuvent être semées, plantées ou replantées :

A partir de l’année 2022 : Avoine, Blé, Choux, Cultures fourragères non attractives, Cultures légumières non attractives, Endive, Fétuque (semences), Moha, Oignon, Orge, Ray-grass, Seigle ;

A partir de l’année 2023 : Chanvre, Maïs, Pavot/œillette, Pomme de terre ;

A partir de l’année 2024 : Colza, Cultures fourragères mellifères, Cultures légumières mellifères, Féverole, Lin fibre, Luzerne, Moutarde tardive, Phacélie, Pois, Radis, Tournesol, Trèfle, Vesce. »

Au-delà d’une remise en cause des rotations actuelles, ces restrictions vont avoir un impact direct sur le choix des couverts végétaux en interculture !

Cette rédaction va à l’encontre des objectifs de la dérogation c’est-à-dire de permettre aux betteraviers de lutter contre un risque sanitaire majeur et de continuer de cultiver des betteraves en France.

Si les agriculteurs souhaitent utiliser les semences de betteraves traitées soit avec de l’imidaclopride soit avec du thiaméthoxame pour les semis 2021, ils devront modifier en profondeur leurs rotations. Ce nouveau choix aura un impact sur leur revenu lié à un appauvrissement des assolements ; de la diversité des cultures et des bonnes pratiques agronomiques.

Dans les régions betteravières, ce sont aussi 70 à 80 000 ha d’oléoprotéagineux, dont 60 à 70 000 ha de colza qui sont menacés, soit 8% de la production nationale de colza, alors que l’objectif du plan protéines est d’augmenter notre autonomie protéique.

Enfin, ces nouvelles restrictions entrainent la disparition du bol alimentaire pour les pollinisateurs avec une baisse potentielle des surfaces de cultures mellifères, dont le colza qui apporte aux pollinisateurs des ressources précoces et abondantes, repoussées 3 ans après betteraves pour une floraison qui interviendrait alors 4 ans après ;

Nous encourageons les producteurs de grandes cultures à se mobiliser pour répondre à cette consultation du public pour aboutir à une version finale de l’arrêté plus en phase avec les réalités du terrain et la nécessité de conserver des rotations diversifiées, dans l’intérêt des différentes filières et des pollinisateurs.

Pour participer cliquer ici