MARCHES DES GRAINS, PREMIERES PERSPECTIVES 2020 POUR LE BLE, AU CONSEIL DE L’AGPB

Lors de sa séance d’information du Conseil d’administration, le lundi 4 mai, l’AGPB a invité Andrée DEFOIS de Stratégie Grains/Tallage pour venir présenter sa vision de l’impact de la crise sanitaire actuelle sur les marchés céréaliers, sur la fin de campagne de commercialisation des grains 2019-2020 et les perspectives pour la prochaine campagne céréalière.

En démarrant soin intervention, Andrée Defois est tout d’abord revenue sur la situation des prix en constatant que si les prix du blé ont rebondi depuis le début de l’année 2020, ils sont restés comprimés par la lourdeur mondiale en orge et maïs.

Elle observe que le marché du blé est aujourd’hui « tiré » par l’export et la demande animale, sauf en toute fin de campagne, du fait des prix de maïs orientés en baisse depuis janvier, du fait de la baisse des utilisations en éthanol aux Etats Unis et de l’affaissement de l’orge sous le poids des stocks.

Elle est revenue également sur la forte augmentation de la récolte 2019 au niveau mondial en blé : +28 Mt tous blés, +31 Mt en blé tendre en pointant une 1ère moitié de la campagne, caractérisée par un blé assez compétitif face au maïs. Mais si la demande mondiale de blé était estimée en hausse de 5 Mt par rapport à 2018/19, celle-ci se retrouve nettement en baisse sur les derniers mois de la campagne à cause de la pandémie actuelle.

Pour elle, si les blés européens ont été très attractifs pendant toute la campagne, elle craint que cette attractivité se dégrade pour la nouvelle récolte.

Le bilan européen en blé est à l’équilibre en cette fin de campagne, avec des stocks de fin de campagne estimés autour de 12 MT, niveau similaire au niveau constaté au 30 juin 2019. La forte hausse de la production 2019, (146 MT contre 127 MT en 2018) a permis d’alimenter la hausse des exportations (35 MT contre 21 la campagne précédente). Mme Defois constate que la forte remontée des échanges mondiaux s’est faite au profit de l’Union européenne et de l’Ukraine, sous l’impulsion des importations du Maroc et du Proche Orient. Mais elle note une forte baisse de la consommation humaine et industrielle, conséquence directe de la crise sanitaire.

Au niveau national, le bilan français blé tendre semble se « détendre ». La production française de blé tendre 2019 est aujourd’hui estimée à près de 39,5MT (33,8 MT en 2018).

Mme Defois note des utilisations intérieures stables autour de 9 MT, en alimentation humaine et en amidonnerie, avec des difficultés cependant en fin de campagne en meunerie et pour les utilisations en éthanol.

Elle prévoit également une augmentation des utilisations en alimentation animale : 8MT contre 7 en 2019 et des exportations autour de 21 Mt (7,7 Mt sur l’Union européenne et plus de 13 MT sur pays tiers, du fait des importations Chinoises et sur l’Afrique).

Au final, les stocks en fin de campagne sont estimés autour de 3,2 Mt (2,6 au 30 juin 2019).

Selon Andrée Defois, les prévisions pour la prochaine campagne annoncent une relative stabilité de la production mondiale de blé tendre 2020, en légère augmentation (+4 MT), malgré une forte baisse attendue pour l’Union européenne (de l’ordre de 12 à 13 MT), et une production française selon ses prévisions actuelles, attendue autour de 33MT (39,5 en 2019).

Les stocks mondiaux au 30 juin 2021 seraient en hausse de plus de 10 MT par rapport à la situation 2019. Et les stocks de blé devraient remonter légèrement chez les principaux pays exportateurs de blé risquant ainsi d’entraîner les prix à la baisse.

Elle constate qu’au niveau européen, la production est attendue en baisse de l’ordre de 13 MT. Au niveau des utilisations, les exportations sont estimées en forte baisse sur pays tiers autour de 26 MT (35 pour la campagne 2019-20) Avec des utilisations attendues en baisse également au niveau des utilisations animales, les stocks européens de blé sont attendus en baisse, autour de 11MT (12 au 30 juin 2020).

Le bilan français évoluerait selon Stratégie grains de façon similaire, avec des stocks au 30 juin 2021 estimés aujourd’hui autour de 2,3 MT contre 3,2 au 30 juin 2020.

Pour Andrée Defois, ce sont ces perspectives qui malgré un rebond des prix à court terme permettent de comprendre les perspectives plus lourdes pour la campagne 2020/2021. Sans nouvel accident climatique, selon elle un « creux » est attendu pour les prix pour l’été 2020, et sur l’automne, puis il faut s’attendre à une relative « remontée » sur les mois d’hiver.