GRAND ORAL AGRICOLE : LES CANDIDATS AUX ELECTIONS EUROPEENNES FACE AUX AGRICULTEURS

La FNSEA et Jeunes Agriculteurs organisaient mardi 14 mai le grand oral agricole. Les six principales listes aux élections européennes (Renaissance, Rassemblement National, Les Républicains, La France Insoumise, Europe Ecologie les Verts et PS – Place Publique) ont pu présenter leurs visions du devenir de l’agriculture en Europe.

Les élections européennes se rapprochant à grands pas, il est temps pour les agriculteurs français de faire leur choix. Cette élection est peut-être la plus importante de toutes pour l’agriculture française, orientée depuis 57 ans par la Politique Agricole Commune.

Les six représentants des listes en tête dans les sondages se sont succédées à la tribune dans trois exercices : présentation de leur programme agricole en 8 minutes, questions-réponses avec deux élus (JA et FNSEA), puis questions du public.

Les candidats présents lors de ce grand oral, dans l’ordre de passage, étaient :

  • Angélique Delahaye, 16ème de la liste des Républicains
  • Romain Dureau, 24ème de la liste de la France Insoumise
  • Aziliz Gouez, 8ème de la liste PS – Place Publique
  • Hervé Juvin, 5ème de la liste du Rassemblement National
  • Benoît Biteau, 11ème de la liste d’Europe Ecologie Les Verts 
  • Nathalie Loiseau, tête de la liste Renaissance (LREM). Jérémy Decerle, 4ème de la liste, était également présent.

Premier enseignement

Certains messages portés notamment par l’AGPB et les filières végétales traversent tous les courants politiques ! Au parlement, toutes les listes souhaitent défendre un maintien du budget de la PAC, et lutteront contre l’importation de denrées alimentaires produites avec des normes plus laxistes que les normes européennes. Les ressemblances s’arrêtent cependant là.

Sur le futur de la PAC

Les Républicains défendent un premier pilier fort, basé sur les aides directes à l’hectare, de même du côté du Rassemblement National. La France Insoumise et PS-Place Publique penchent plutôt pour une meilleure rémunération des services écosystémiques fournis par les agriculteurs, ainsi que pour la création d’un volet alimentaire (passant par l’intégration d’un minimum de produits locaux et bio dans les cantines, pour la France Insoumise). Les Verts critiquent quant à eux fermement les aides directes à l’hectare, leur préférant des aides liées au nombre d’unités de travail sur l’exploitation.

Pourtant, les solutions divergent lorsqu’il s’agit d’améliorer le revenu des agriculteurs.

Pour les listes de gauche, LFI et PS-Place publique en tête, les revenus doivent être assurés par l’instauration de prix garantis, et par une meilleure répartition de la valeur ajoutée, accaparée selon eux par l’amont et l’aval. Pour Nathalie Loiseau (LREM), unique tête de liste présente à ce grand oral, la solution viendra en partie des systèmes de protection contre les aléas, climatiques notamment. Le Rassemblement National opte quant à lui pour une meilleure valorisation de l’excellence de la production française via les labels ou la certification.

Distorsions de concurrence intra européenne ou de surtranspositions de la règlementation européenne

Ces problématiques n’ont que peu inspiré les trois candidats des listes de gauche, qui ne se sont pas exprimées sur le sujet. Nathalie Loiseau (LREM) s’est de son côté engagée à poursuivre les efforts pour réduire ces surtranspositions comme pour les Républicains, qui souhaitent également revoir le droit de la concurrence européenne. Les surtranspositions ont subi les critiques de Hervé Juvin (RN). Si celles-ci ne peuvent être valorisées économiquement par la certification ou la labellisation, elles doivent disparaitre.

Transition agroécologique

Toutes les listes, hormis Les Républicains qui ne se sont pas exprimés sur le sujet, vont dans le sens d’une transition écologique et d’une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Les méthodes divergent cependant. Pour la liste Renaissance (LREM), le cap est une réduction de 50% de l’utilisation des produits phytosanitaires dans les prochaines années. Le message « pas d’interdictions sans solutions » semble être bien passé, et Nathalie Loiseau s’est donc positionnée en faveur d’un accompagnement financier pour la recherche.

La candidate PS-Place Publique s’est positionnée contre une « agriculture intensive d’exportation » qu’elle a eu bien du mal à définir, et pour la réconciliation entre la société civile et les agriculteurs, sans définir de plan précis. Romain Dureau, le candidat insoumis, souhaite que les agriculteurs se passent, à terme, des produits phytosanitaires. Cette sortie serait compensée par une intensification de la main d’œuvre à l’hectare. Il propose pour répondre à cet objectif un grand plan de formation et de recrutement, qui doit permettre de créer 500 000 emplois qui compenseront également les 200 000 départs en retraite des prochaines années. La France Insoumise, ainsi que les Verts, proposent de mieux rémunérer les services écosystémiques fournis par les agriculteurs. Les Verts souhaitent également que la France soit à même de répondre à minima à la demande intérieure en bio, ce qui créerait 60 000 emplois.

Christiane Lambert et Samuel Vandaele ont conclu les échanges, en faisant le bilan des propositions des différents candidats. Un seul mot d’ordre : Le 26 mai, il faudra voter pour l’avenir de l’Europe et de son agriculture.