DYNAMIQUE DES GRANDES CULTURES BIOLOGIQUES

Grandes cultures biologiques : des conversions soutenues tirées par le blé tendre et une dynamique de marchés à 2 chiffres en céréales. 

Avec plus de 400 000 hectares en 2017, les surfaces en grandes cultures biologiques ont plus que doublé en 10 ans, cultivées par 14 000 producteurs contre 5000 10 ans auparavant. Cela représente 3,3% de la sole grandes cultures française. Le dynamisme ne se dément pas puisque plus de 1200 nouveaux producteurs spécialisés en grandes cultures se sont convertis en 2018 avec des surfaces moyennes de 112 ha/exploitation, alors qu’ils n’étaient que 800 en moyenne au cours des 3 années précédentes, selon l’Agence Bio. Toutefois, on constate un désengagement d’environ 150 producteurs par an qui sortent de l’agriculture biologique.

En termes géographique, la palme des conversions se situe dans les régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine qui concentre à elles 2 plus de 500 nouveaux entrants, mais les conversions s’accélèrent également en zones intermédiaires : Centre Val de Loire, Bourgogne, Grand Est et dans une moindre mesure en Pays de Loire.

Ainsi en 2017, le taux de pénétration en grandes cultures bio, mesuré par les surfaces bio sur les surfaces totales s’établit à :

  • 298 000 hectares de céréales en 2017 = 3,2 %
  • 61 000 hectares d’oléagineux = 2,8%
  • 28 718 hectares de protéagineux = 9,8% dont soja 18% en bio, féverole 27% en bio
  • 25% des surfaces en lentilles et pois chiches

Ce sont ainsi près de 480 000 tonnes de grains qui ont été collectées en 2018, dont 300 000 de céréales. La demande est très dynamique avec une croissance de 15 % /an en meunerie et 12% /an en fabrication d’aliments du bétail. Ce développement des marchés plus rapide que la collecte de céréales (+100 000 t de céréales en 5 ans) provoque un accroissement des importations de céréales en parallèle (+80 000 t en 5 ans). La France n’est autosuffisante qu’à hauteur de 66% en céréales (ratio collecte /utilisations, source FranceAgriMer), mais seulement 55 % en blé et 85% en maïs. En féverole et pois en revanche, elle est quasiment à l’équilibre, aux aléas de collecte près liés au climat. Compte tenu des surfaces déjà convertie en bio en lentilles et pois chiche, les marchés sont sans doute arrivés à saturation.

Le plan de transformation de la filière céréalière prévoit un doublement de la collecte en blé biologique dans les 5 prochaines années, rythme plausible au regard des conversions actuelles et conforme à la demande de la meunerie. Sur les autres céréales ou protéagineux, il semble moins certain que les équilibres de marchés biologiques soient aussi porteurs.

En conséquence de ces équilibres de marchés, le prix du blé tendre biologique payé aux agriculteurs reste très soutenu et stable entre 350 et 380 €/t depuis 5 ans soit le double du blé tendre conventionnel, beaucoup plus soumis aux marchés extérieurs. Les prix payés du maïs bio fléchissent légèrement depuis 2 ans, concurrencés par l’arrivée massive de céréales en 2ème année de conversion valorisable en biologique dans l’alimentation animale, mais pas encore en alimentation humaine. Cette dérogation disparaitra dans quelques mois.

Martine Jullien